1er août, Journée Internationale de la Frite Belge: une blague belge?

Publié le : 31-07-2025


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Depuis une dizaine d’années, le 1er août titille la profonde fibre belgo-belge : ce jour serait celui de la Journée Internationale de la Frite Belge. Ah ah ! Non peut-être ? Oui… peut-être ! Ni source officielle ni document fondateur n’atteste véritablement de son existence. En 2025, ce mythe aux origines nébuleuses, apparemment lancé “in English in the text” (International Belgian Fries Day), amuse tout autant qu’il interroge. Derrière l’hommage léger, l’opération servirait plus des desseins commerciaux que les fervents amoureux de la vraie frite belge…

Bon à savoir avant d'entamer la lecture ! Nous pouvons débattre de cette question frituresque, et d'autres, à l'occasion des week-ends portes ouvertes, libres et gratuites, chaque premier week-end du mois, au Micro Musée de la Frite Bruxelles de Home Frit' Home (rue des Alliés 242, 1190 BXL). Soit, à l'heure d'écrire ces lignes :

  • samedi 2 août (13h30-18h30) ;
  • dimanche 3 août (13h30-18h00).

Mais reprenons notre récit...

Tout d'abord, il y a la date: celle du 1er août. Étonnant, non? En plein été, une part importante des gourmets rêve peut-être plus de crèmes glacées que de bouillonnants cornets de frites (même s'ils se dégustent, bien sûr, tout au long de l'année). Ensuite, pour les vrais amateurs de frites fraîches, cette période serait la plus à risque, compte tenu du fait que les bâtonnets de patate sont alors frits avec des bouts de récoltes, dans l'attente des pommes de terre nouvelles... Ajoutons à cela l'existence, en Belgique, d'une Semaine de la Frite en fin d'année (lire plus loin) et nous aurons vite compris que l'agenda ne serait absolument pas le moteur de la création d'une Journée Internationale de la Frite Belge le 1er août ! Le peu d'explications à propos de cette initiative laisse penser qu'elle aurait été initiée sous le titre de International Belgian Fries Day, pour soulager l'injustice dont seraient victimes les Belges de devoir supporter l'expression « French fries », pour désigner les frites, voire même de devoir l'utiliser quand ils séjournent à l'étranger.

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Un événement sans racines, mais pas sans intérêts

Si la Belgique revendique haut et fort son patrimoine frituresque, autour du 1er août, nous ne trouvons nulle trace d’un texte constitutif, ni décret royal, ni acte fondateur. La Journée Internationale de la Frite Belge relève du « mythe médiatique » plus que de la tradition. C’est avant tout une date amplifiée par le marketing et les réseaux sociaux — laissant certains commerces surfer sur le folklore national et le succès de nos frites à l’international. Car ces opérations de communication ne sont pas nécessairement le reflet de l’esprit du fritkot, ancré dans le quotidien, la transmission et la convivialité. Elles servent souvent des intérêts commerciaux qui, s'ils font mousser la frite belge à l'international, ne garantissent pas nécessairement l’authenticité du produit ni la défense de la culture populaire née autour des baraques à frites (ou fritkots) belges. Interrogé, Bernard Lefèvre, Président de l'Union Nationale des Frituristes (UNAFRI ; voir plus loin), résume ainsi : « Compte tenu de ma position et de ma carrière de frituriste, qui s'étend sur plusieurs décennies, si cet événement était l'émanation de Belgapom ou de toute autre association belge liée aux secteurs de la pomme de terre et des frites, j'en serais informé ! »

Le « National French Fry Day » aux États-Unis : même recette ?

Cette « journée internationale » belge fantomatique rappelle son cousin américain : le National French Fry Day, célébré en juillet. Là-bas aussi, l’initiative n’a rien d’officiel : elle s’est surtout installée par la force du marketing et des géants du fast-food (McDonald’s, Burger King, etc.), qui multiplient les opérations spéciales pour attirer la clientèle. On remarque ainsi que ces « journées » sont souvent orchestrées moins pour honorer le patrimoine culinaire que pour faire gonfler les ventes de produits standardisés.

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La Semaine de la Frite, héritière de l’authenticité

Pourtant, la vraie fête de la frite belge, celle qui incarne l’attachement populaire et le respect de la tradition, c’est la Semaine de la Frite (Week van de Friet), organisée à l’automne. Derrière cette initiative, on retrouve des défenseurs historiques de la culture fritkot : l’Union Nationale des Frituristes (UNAFRI) — ou Nationaal Verbond van Frituristen (NAVEFRI). Ces organisations ont non seulement promu la qualité du métier, mais surtout obtenu la reconnaissance officielle de la Culture Fritkot comme patrimoine immatériel en Belgique. La Semaine de la Frite, selon les années en Flandre, Wallonie ou Bruxelles, met à l’honneur le savoir-faire artisanal, la convivialité et la diversité des frituristes, loin des standards imposés par les chaînes industrielles.

Entre folklore et opération commerciale

La Journée Internationale de la Frite Belge du 1er août tient donc davantage de la mystification sympathique que de la tradition nationale. Son histoire — ou son absence d’histoire — invite à sourire, à s’interroger sur la fabrication des mythes culinaires modernes et sur la récupération commerciale d’un symbole populaire.

En attendant la prochaine opération de communication, il reste toujours, pour les puristes, la joie très concrète d’un bon cornet en papier dégusté, non pas le 1er août, mais toute l’année ou lors de la véritable Semaine de la Frite, et d'une visite conviviale au Micro Musée de la Frite Bruxelles de Home Frit' Home (rue des Alliés 242, 1190 Bruxelles-Forest), à l'occasion des portes ouvertes, libres et gratuites, chaque premier week-end du mois (ou sur rendez-vous) !

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